« Les entreprises dont les éléments électriques constituent un élément essentiel du process de production doivent les faire contrôler par thermographie infrarouge. Cette vérification annuelle permet d’éviter les incendies et les pannes.
Quels sont les enjeux des entreprises en ce qui concerne leurs installations électriques ?
Harold Huillier : L’électricité est une des premières causes d’incidents dans les entreprises. On estime qu’en France, 2 accidents du travail sur 10 000 ont pour origine un incendie.1Les coûts engendrés par les incendies sont généralement très élevés en raison des dégradations de matériels et des arrêts de production et les conséquences sont souvent économiquement irrémédiables. Ainsi, dans près de 70 % des sinistres, les entreprises disparaissent. 1La maintenance des installations électriques a donc pour objectif de prévenir ces risques, de garantir la sécurité des personnes et d’optimiser le fonctionnement de l’appareil productif.
Quelle est la réglementation en matière de contrôle des installations électriques ?
H. H. : Pour prévenir ces risques, la réglementation impose2 aux établissements employant du personnel et accueillant du public, une vérification périodique annuelle et un contrôle visuel des raccordements, des dispositifs de protection, de l’état des installations et de leur maintien dans le temps. Cependant, certaines anomalies qui peuvent générer des pannes et des incidents coûteux restent invisibles à l’œil nu. Pour prévenir tous les risques d’incendie d’origine électrique et détecter les dysfonctionnements, ainsi que les échauffements anormaux, l’APSAD (Assemblée Plénière des Sociétés d’Assurances Dommages) a donc établi une obligation de contrôle des équipements électriques par thermographie infrarouge. Les entreprises doivent ainsi fournir à leur assureur un certificat Q19 qui répertorie les anomalies relevées et les mesures correctrices à mettre en oeuvre.
Qu’est ce que la thermographie infrarouge ?
H. H. : Cette technique permet d’obtenir l’image thermique d’une scène ou d’un objet par analyse des infrarouges. En pratique, une caméra infrarouge, pointée vers l’objet cible, détecte la chaleur émise par son rayonnement électromagnétique. L’image obtenue est un thermogramme. Les points de concentration de chaleur de la scène ou de l’objet y sont représentés dans des couleurs allant du rouge au jaune. De leur côté, les points « froids » sont en général noirs ou bleus. Bureau Veritas utilise cette technique pour mettre en évidence les anomalies thermiques des installations électriques de ses clients. Cette technique de contrôle non destructif, reconnue et approuvée par la Fédération Française des Sociétés d’Assurance (FFSA), est réalisée sur des installations en service. Elle permet de déceler les anomalies et les échauffements anormaux (mauvaises connexions, surcharges, déséquilibre de phases, contacts défaillants, sous calibrage…) et ainsi, de prévoir les interventions correctives et les éventuels travaux.
Que doivent faire les entreprises pour obtenir un certificat Q19 ?
H. H. : Elles doivent contacter un organisme dont les experts détiennent un certificat d’aptitude « thermographie infrarouge » délivré par le CNPP (Centre National de Prévention et de Protection) selon le référentiel APSAD D 19. Bureau Veritas dispose de nombreux techniciens et possède le matériel et les outils spécifiques permettant des représentations de thermogrammes, conformément aux exigences de l’APSAD. Les techniciens de Bureau Veritas sont chaque année formés par le CNPP et sont compétents pour contrôler des installations telles que les éoliennes ou les pompes à chaleur. Après la formation initiale, un recyclage est prévu tous les 4 ans.
Comment les anomalies de ses installations électriques sont-elles signalées à l’entreprise ?
H. H. : Le référentiel APSAD D19 a défini une classification des anomalies en fonction du risque encouru. Ainsi, le niveau 1 exige l’arrêt de l’installation et une action corrective immédiate. Le niveau 2 laisse un délai de 2 mois pour réagir. Quant aux installations électriques classées niveau 3, elles doivent être surveillées.
1 : source : INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles)
2 : Pour les établissements soumis au Code du Travail :
– Code du Travail articles R.4226-3 à R.4226-21 et textes d’application ;
– Arrêté du 26.12.2011 (périodicité, objet et étendue des vérifications).
Pour les établissements recevant du public (ERP) et Immeubles de Grande Hauteur (IGH) :
– Règlements de sécurité ERP applicables à l’établissement (Installations électriques et d’éclairage) :
• Arrêté du 25.06.1980 modifié ;
• Arrêté du 22.06.1990 modifié.
– Règlement de sécurité IGH : Arrêté du 30.12.2011.
Pour les industries extractives :
– Décret n° 91-986 du 23.09.91 modifié ;
– Arrêté du 25.10.91 (périodicité, objet et étendue des vérifications). »
La lettre BUREAU VERITAS 28/01/2014